Le cannabis est-il toujours légal en Thaïlande ? Voici ce que les touristes doivent savoir

À la suite des élections générales de mai dernier, la Thaïlande est sous une nouvelle direction depuis septembre. Le gouvernement de coalition conservateur dirigé par le Parti Pheu Thai est à l'origine des appels à une répression sur le cannabis, qui a été mal réglementé depuis sa légalisation. Pheu Thai a fait campagne pour interdire l'usage récréatif de la marijuana, affirmant qu'elle présente des risques pour la santé et pourrait causer des problèmes de toxicomanie chez les jeunes.

Dans un post sur X appelant à reclassifier la plante plus tôt cette année, Thavisin a réitéré cette position, affirmant que "les drogues sont un problème qui détruit l'avenir de la nation."

Anutin Charnvirakul, l'ancien ministre de la Santé qui a supervisé la légalisation de la drogue sous le précédent gouvernement militaire, est désormais vice-premier ministre. Il est le chef du Parti Bhumjaithai, qui fait partie de la nouvelle coalition gouvernementale.

Lorsqu'il soutenait la légalisation de la marijuana en 2022, il avait déclaré que cela réduirait la surpopulation dans les prisons thaïlandaises et aiderait à stimuler l'économie rurale. Le jour de la légalisation, plus de 3 000 détenus incarcérés pour des charges liées au cannabis ont été libérés. En une année, l'industrie du cannabis du pays valait 28 milliards de bahts thaïlandais (728 millions d'euros) et d'ici 2030, elle était projetée à atteindre 336 milliards de bahts (8,7 milliards d'euros).

Anutin avait promis que le cannabis serait autorisé uniquement à des fins médicales, mais en pratique, le marché était presque non réglementé. Le ministère de la Santé a émis des règlements faisant du cannabis une 'herbe contrôlée' nécessitant une licence pour la culture ou la vente, interdisant également les ventes en ligne, les ventes aux femmes enceintes et aux personnes de moins de 20 ans, ainsi que la fumée en public. Mais le cannabis peut être acheté facilement par pratiquement n'importe qui dans de nombreux établissements non licenciés ou en ligne.

Anutin s'est publiquement opposé à l'interdiction proposée, affirmant que bien que Bhumjaithai ne soutienne pas les usages récréatifs du cannabis, ce retour en arrière aura un impact sur l'industrie du cannabis.

Depuis la légalisation du cannabis, plus de 1,1 million de Thaïlandais se sont enregistrés pour obtenir des licences de culture, et plus de 6 000 dispensaires de cannabis ont vu le jour à travers le pays, beaucoup avec peu de contrôle de qualité. Les médias thaïlandais ont rapidement été remplis de rapports de violences et d'abus liés aux drogues, y compris parmi les jeunes, qui n'étaient pas censés avoir accès à la drogue. Le ministère de la Santé a signalé une augmentation du nombre de personnes cherchant un traitement pour des problèmes psychologiques liés au cannabis, passant de plus de 37 000 patients en 2022 à plus de 63 000 en 2023. D'autres études ont indiqué une augmentation de la consommation de la drogue chez les jeunes.

En tant que premier pays d'Asie à légaliser le cannabis, la Thaïlande a également vu naître une industrie florissante du tourisme du cannabis que beaucoup craignent difficile à contenir. Lors de la campagne électorale de 2023, tous les principaux partis, y compris Bhumjaithai, ont promis de limiter le cannabis à un usage médical.

Les manifestants en mai ont convenu que le cannabis devait être correctement réglementé, mais ont déclaré que reclasser la plante comme un stupéfiant aurait un impact économique négatif sur ceux qui ont investi dans cette industrie naissante.

Lors de la marche du 8 juillet, Prasitchai Nunuan, un représentant d'un réseau pro-cannabis, s'est adressé aux manifestants en disant que la marijuana devrait être réglementée séparément par le ministère de la Santé au lieu de criminaliser à nouveau la plante. Il a accusé le gouvernement de rendre la drogue illégale pour permettre à quelques groupes d'intérêt de bénéficier uniquement de ses usages médicaux.

Pock Pechthong, un cultivateur de cannabis qui a rejoint la marche de lundi, a déclaré que bien que davantage de règlements soient nécessaires, un retour en arrière radical nuira à de nombreuses personnes qui ont investi dans le secteur.

"Tout le monde a déjà dépensé beaucoup d'argent. Je suis un cultivateur, donc notre principale préoccupation est de ne pas pouvoir cultiver ou utiliser le cannabis", a-t-il déclaré.

Le mois dernier, le ministre de la Santé, Somsak Thepsuthin, a déclaré que le ministère avait mené une enquête en ligne et que pas moins de 80 % des 111 201 participants approuvaient l'interdiction. Cependant, les résultats n'ont pas été publiés.

Avant que le cannabis ne soit légalisé en Thaïlande en juin 2022, le pays avait certaines des lois sur les drogues les plus sévères au monde. La possession de cannabis pouvait vous envoyer en prison jusqu'à 15 ans, avec la tristement célèbre prison centrale de Bang Kwang - ironiquement surnommée le Bangkok Hilton après qu'une série télévisée australienne ait dépeint ses conditions sordides et surpeuplées - servant de principal moyen de dissuasion pour les touristes.

En mars, le ministre de la Santé, Chonlanan Srikaew, a déclaré avoir recommandé un projet de loi au Cabinet interdisant l'usage récréatif de la marijuana et reclassifiant celle-ci comme une substance contrôlée. Il devrait être approuvé bientôt, après quoi il sera soumis à la Chambre des représentants de la Thaïlande.

Le projet de loi, qui a été diffusé pour commentaires publics en janvier, imposerait des amendes allant jusqu'à 60 000 bahts thaïlandais (1 560 euros) pour usage récréatif (défini comme 'divertissement ou plaisir'), et des peines de prison pouvant aller jusqu'à un an. Il autoriserait la marijuana médicale, mais ne donnait pas de détails sur la manière dont elle serait contrôlée.

Il propose également des amendes allant jusqu'à 100 000 bahts (2 600 euros) pour la publicité ou la commercialisation du cannabis à des fins récréatives. La culture sans licence pourrait entraîner une peine de prison de un à trois ans ou des amendes de 20 000 à 300 000 bahts (520 à 7 780 euros). Les règles pour les magasins de cannabis et la culture domestique ne sont pas encore claires.

En attendant l'issue des changements, les magasins de cannabis sont toujours ouverts à Bangkok et au-delà. Cependant, certaines règles sont déjà en place pour restreindre l'usage du cannabis. Fumer ou vapoter dans les lieux publics n'est pas autorisé. Causer une 'nuisance publique' - y compris par l'odeur de cannabis - peut entraîner une amende de 25 000 bahts (650 euros).

Les détails de ce qui constitue une 'nuisance' sont flous et susceptibles d'être exploités par la police. À Bangkok, des agents ont été connus pour faire du chantage et extorquer des touristes pris du mauvais côté de la loi.

Les extraits contenant plus de 0,2 % de THC sont toujours légalement classés comme des stupéfiants, mais certains magasins vendent des produits plus forts malgré tout, ce qui pourrait mettre les acheteurs en difficulté - à moins qu'ils n'aient obtenu une autorisation officielle à des fins médicales.

Les touristes ont également été avertis que le cannabis est toujours illégal dans les pays voisins et ne doit pas être transporté à travers les frontières. Singapour, qui a certaines des politiques de drogue les plus strictes au monde, peut arrêter des citoyens pour avoir consommé des drogues à l'étranger comme s'ils les avaient consommées chez eux.

Mise à jour : Juillet 2024

Source : https://www.euronews.com/travel/2024/07/09/is-weed-still-legal-in-thailand-heres-what-tourists-need-to-know-as-government-u-turns